En sortant du cadre de l'harmonie tonale Schönberg menait à terme l'héritage de plusieurs générations qui l'avaient corroder de Beethoven à Debussy et Mahler.
Plus tard un de ses grands admirateurs John Cage pousserait plus loin ce que l'école de Vienne avait maintenu à l'intérieure d'un cadre méthodologique stricte. Quiqu'il en soit il ne devait jamais oublier la phrase superbe de Schonberg "la hauteur c'est le timbre mesurer dans une seule direction". La fin de la consonance, l'abstraction parallèle de tout les arts, l'introduction du bruit et de l'instrument préparé puis le hasard des choix multiples et de l'implication démocratique de tout les participants à une piéce enfin l'éclatement des idiomes prient de proliféfations et d'hybridations s'expriment dans ce disque.

Deux jours de studios, un mixage parfait avec Martin Siewert et des instrumentistes hors paires en sont les ingrédients objectifs.
Le timbre et les techniques spectrales, tant électroniques qu'acoustiques fondues dans une approche texturelle et temps réel des instruments en seraient les éléments subjectifs.
L'ensemble use de trames frottées, de transparences multiples ou la sensation globale ne perd rien en détails et garde toujour à l'oreille une volonté collective de continum. La finesse des interactions,leurs sensibilités aux grains et à toutes les gradations de bruits et de complexités loin de l'illusion d'une forme fixe laisse au son la place qu'il mérite.
Un peu dans l'héritage de Lachenmann en plus fluide les spectres y cohabitent avec de superbes mouvements d'amplitudes qu'insensiblement, sans pathos le jeu tresse avec puissance capable de froler le fracas ou l'évanescence gazeuze du quasi silence.
Les cordes et l'electronique servent de paradigme auditif avec leurs capacitées à tenir les sons à dispenser des hauteurs indéterminées, les anches de Hans Koch s'alignent en un toron granuleux de souffle salivé qui les arrachent en partie à la monodie des notes, les percussions quand à elles balayent tout le spectre des possibles avec ici et là des frappes vibrantes de tam du plus bel effet.
C'est une caractéristique superbe du projet que de savoir revenir vers la note le simple timbre modulé de l'instrument maintenant un point de vue dialectique une interrogation à la place de l'ancienne articulation consonance/dissonance.
Au final un trés beau travail, passionnant de musique mixte contemporaine proche du "Material" de Cardew comme des musiques intuitives de Stockhausen et ou la question improvisation/composition n'a plus d'importance. L'une et l'autre sont mélés, inséparables et protéïformes.
Rappelons que Christian Weber l'instigateur est un jeune contrebassiste suisse brillant qui joue aussi en trio avec Christian Wolfarth, admirable ici aux percussions et Thomas Korber dont ont a déjà eut l'occasion de dire tout le bien que l'on en pensait.

Boris Wlassoff
Revue et Corrigée
Revue et Corrigée #71
March 2007